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priant pour ses bourreaux que le Dieu a changé le monde !

Cette époque sublime eut ses saints, ses martyrs, ses pères, comme on les a appelés, du nom le plus doux que l’homme puisse donner à l’homme. Alors toutes les cités, toutes les populations avaient leur père. On les trouvait partout, dans les catacombes où ils priaient, dans les thébaïdes ou ils s’humiliaient, dans les amphithéâtres où ils mouraient. Dieu semblait les avoir chargés de la double mission de réformer les vices du monde civilisé qui allait disparaître, et de dompter les hordes barbares qui du fond du Nord accouraient au sac du grand empire. Ceux-là ne savent que tuer ou mourir ! Ils viennent se venger de douze siècles de conquêtes ; mais quel étonnement ! au lieu d’armée à combattre ils trouvent des hommes qui bénissent ceux qui les égorgent, des hommes qui, lorsqu’on leur arrache leur tunique, offrent encore leur manteau, qui, lorsqu’on les frappe au visage, tendent humblement l’autre joue ! Il y avait dans ce mépris de la vie et des richesses quelque chose de grand qui surpassait les barbares. Le fer n’eut