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et les voyages sont charmants ; c’est cependant toujours de la géographie ; mais, dans les premiers la science s’isole de l’homme, et dans les seconds elle se personnifie au voyageur. La pensée a besoin d’une âme qui l’anime, d’un corps qui la rende visible. La plus riante solitude n’est à la longue qu’un désert triste et mort ; un simple berger lui donne la vie ; nous rapportons à sa cabane les montagnes, les forêts, les fleuves, les cieux qui l’environnent et nous y dirigeons d’abord nos pas. C’est par ce sentiment de sociabilité que les écrivains qui font agir des personnages dans leurs poèmes l’emportent de beaucoup sur les autres par l’intérêt et le génie. Tel fut parmi les anciens Homère, le plus grand des voyageurs, et parmi les modernes, le Dante, le Tasse, Cervantes et Richardson. Non-seulement ils ont personnifié la nature physique, mais ils ont mis en action soit la puissance des dieux, soit les passions des hommes, pour en faire ressortir de hautes vérités morales. Un des plus grands charmes de la Genèse c’est qu’elle centralise l’histoire du monde à Adam. Les philosophes qu’on