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perdues par la même faute : Luther et Descartes n’ont fait que multiplier l’erreur, en appelant la raison individuelle sans autre autorité, l’un à l’interprétation des livres saints, l’autre au jugement des sciences morales et philosophiques !

Ici nous voyons reparaître Vico. Près de cent ans s’étaient écoulés depuis la publication de la Méthode. Descartes régnait sans contradicteur, faisant peser sur le monde savant la tyrannie de ses fortes pensées. Vico fut le premier qui l’attaqua. « Nous devons beaucoup à Descartes, dit-il, nous lui devons beaucoup pour avoir soumis la pensée à la méthode. C’était un esclavage trop avilissant que de faire tout reposer sur la parole du maître. Mais vouloir que le jugement de l’individu règne seul, c’est tomber dans l’excès opposé. » Puis il ajoute, après quelques plaintes sur l’ignorance de la jeunesse : « Descartes était très versé dans toutes les sciences, il vivait caché dans une solitude ; et ce qui fait plus que tout le reste, il était doué d’un génie tel que chaque siècle n’en produit pas toujours. Un