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de ses doutes, qu’il prit la résolution d’effacer de sa mémoire tout ce qu’il venait d’apprendre, de faire table rase, comme le dit Bacon, de tout passer par l’étamine, comme le dit Montaigne, en un mot de ne rien recevoir dans son entendement de ce qui ne lui serait présenté que par l’exemple, la coutume ou l’autorité. « Pour atteindre la vérité, dit-il, il faut une fois dans sa vie se défaire de toutes les opinions qu’on a reçues, et reconstruire de nouveau tout le système de ces connaissances. » Mais comment le reconstruire ? Ici la difficulté est sans bornes : tant qu’il ne s’agit que d’effacer l’erreur, tout se passe dans la lumière ; mais dès qu’il s’agit de reconnaître la vérité, tout devient ténèbres. En effet, Descartes a bien trouvé le principe qui nous délivre du mensonge, mais en confiant à chaque raison le pouvoir de remeubler l’entendement, en laissant l’individu juge de toutes choses, il n’a fait que changer de désordres, il a enfanté le chaos.

C’est une chose remarquable que la réforme philosophique et la réforme religieuse se soient