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et physiologiques dont Herder a fait ressortir tous les événements de l’histoire ; bien plus, je n’ai parlé ni des superstitions qui engloutissent tous les cultes ni des préjugés qui font partie intégrante de chaque classe et de chaque état de la société, ni des lois dont l’étude fausse l’esprit en plaçant la justice dans le point de droit, jamais dans la vérité. Enfin je n’ai rien dit des sciences naturelles qui varient sans cesse : vérité du jour, erreur du lendemain, et dont les plus brillantes découvertes se terminent toutes par l’incertitude, l’ignorance et l’impuissance !

Tel est cependant le gouffre de mensonges et de ténèbres dans lequel nous sommes plongés en naissant. Là nous pensons, nous raisonnons, et souvent aussi nous nous égorgeons au nom de la vérité ! À l’aspect de tant d’ignorance, qui s’étonnera de tant de crimes ? Mais ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que cette ignorance elle-même reste inconnue à la plupart des hommes ; il faut des siècles pour nous la révéler. Lorsque Montaigne, le premier parmi nous, levant la tête hors de