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nirs du passé, les autres se contentent de chanter le présent. Ceux-ci sont de simples voyageurs qui interrogent les hommes et les monuments, ceux-là de grands capitaines qui veulent asservir leur pays. Tous écrivent dans l’intérêt d’une ambition, d’une cité ou d’un empire, mais sans jamais s’élever à des considérations humanitaires. Ce qui frappe le plus en les lisant, c’est l’égoïsme national, c’est l’isolement orgueilleux où deux grands peuples veulent rester de tous les autres peuples. Il y a là une effroyable aristocratie qui déclare, soit les Grecs, soit les Romains, peuple noble, peuple privilégié, et qui ne veut voir dans le reste du globe que des barbares, des serfs et des esclaves. Ainsi les frères se haïssent, ils ont oublié leur origine première et ne se rencontrent plus que le fer à la main. Vainement Socrate interrogé sur sa patrie, s’est proclamé citoyen de l’univers, cette parole n’a pas été comprise. Ce n’est pas la philosophie, c’est la religion qui doit retrouver les titres de notre parenté universelle ; nous n’arriverons à l’unité du genre humain qu’après avoir compris l’unité de Dieu !