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même des événements. Vous pouvez voir à la fois les progrès de la langue et les progrès de l’humanité. Ils vont d’un même branle sinon d’un même pas. Et quelle prodigieuse variété de ton, de mœurs, d’usages, de lois ! Chaque époque a ses héros et aussi ses chroniques qui en résument l’esprit et le caractère. C’est Godefroy, Tancrède, Lusignan, Baudoin, de simples chevaliers qui vont se faire rois ; c’est Boucicaut, Duguesclin, Clisson, Bayard, Jeanne d’Arc, de hardis capitaines qui conquièrent des couronnes, mais qui n’en portent pas. Leurs historiens vivaient avec eux sous la même tente ou combattaient à leur côté. Nul désir de gloire ne les a poussés à ce travail : ils écrivent pour l’exaulcement de la beauté des dames, pour conserver le souvenir des grands faits d’armes, et aussi, comme dit Froissard, pour tout noble cœur encourager et à eux montrer l’exemple en matière d’honneur ! Il y en a dont la modestie est si grande qu’ils oublient de se nommer à la tête de leurs ouvrages. L’auteur des mémoires sur le bon chevalier Bayard n’est connu que par le titre qu’il se donne de loyal serviteur. Et cependant ces mé-