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Quant au style, il est moins rapide, moins incisif que celui de Tacite et de Salluste, mais aussi il est plus ample, plus insinuant, plus majestueux ; il n’étonne pas l’esprit, il touche le cœur : c’est Virgile en prose. Pourquoi faut-il que des cent quarante livres dont se composait l’ensemble de ce magnifique ouvrage trente-cinq seulement aient échappé aux incendies successifs de Rome et aux ravages des Alaric, des Genseric et des Totila ? Heureux de n’avoir point à placer parmi ces noms barbares le nom calomnié, mais toujours pur, du pape Grégoire-le-Grand !

J’arrive à Salluste. Lorsqu’il prit la plume, Sylla avait régné ; César voulait le trône, et la dissolution la plus effrontée dégradait Rome. Cette époque est horrible : c’est celle du vice qui déjà a besoin du crime pour s’amuser. En voyant la gloire de César, la bassesse du peuple, la vénalité du sénat, le mépris de toutes les vertus qui ont élevé Rome, l’âme s’attriste, l’avenir hideux se dévoile, on a comme un pressentiment de Tibère et de Néron !