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méprisée de l’Europe, qu’il rédige ses grandes pensées en français et en latin ; Gottsched, frappé de la supériorité conquise par le théâtre et la poésie de Louis XIV, tente la même épreuve à laquelle la cour de Charles II a voulu soumettre la littérature anglaise. Le résultat de cet effort est encore plus stérile qu’il ne l’a été en Angleterre, et ne donne que de pesants bouquets à Chloris et des gentillesses lourdes et massives. La fin du dix-huitième va sonner et Frédéric II, le héros de l’Allemagne, ne prévoit pas même le développement d’une littérature spécialement propre à la Germanie.

Ce développement s’opère d’une manière imprévue, par le retour aux idées, au coloris, aux mœurs, à l’idiome, aux formes du septentrion. L’Angleterre, sœur de l’Allemagne, a déjà produit tant de chefs-d’œuvre, que l’on se met à l’étudier, et les Germains ne tardent pas à reconnaître chez elle un génie sympathique à leur propre génie, une voie ouverte à leurs élans, un aliment de leurs inspirations. Mouvement qui date de Bodmer, qui traverse toute