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tuaire de la famille, acquière d’importance et de gravité. On l’étudie dans tous ses détails ; une grande école de romanciers, les Richardson, les Fielding, les Smollett, soumettent la vie privée à leur analyse. Les femmes, excellents diplomates de salon et de boudoir, se joignent à cette armée ; quelques-unes portent jusqu’à la minutie la plus étrange leurs observations et leurs détails ; mais il est certain que nul peuple d’Europe n’égale en nombre et en valeur intrinsèque la bibliothèque immense de romans domestiques, éclos de la civilisation anglaise. L’ironie elle-même, au lieu d’errer à la surface des mœurs et des idées, s’imprègne chez Swift et Sterne d’une âpreté et d’une amertume profondes ; enfin l’individualité, le besoin d’être original, l’amour de l’étrange, créent une littérature, celle des humoristes, à laquelle Sterne, Steele, Adisson, Butler se rattachent, dont Shakspeare semble avoir déposé le premier germe, et qui n’a en France que deux demi-représentants, Rabelais et Montaigne.