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énergique ; les mémoires, les pamphlets, les factums surabondent ; c’est un feu bien nourri, c’est une guerre ardente. L’anecdote, le portrait, le journal, les souvenirs se formulent avec une piquante naïveté. On cherche à isoler la poésie au milieu du mouvement universel ; on l’altère en la faisant savante. Ronsard et ses amis, qui se croient des Pindare, et qui ne sont que des professeurs, règnent un moment ; ils rappellent tous les souvenirs des études classiques et forgent péniblement la chaîne étroite qui va unir la littérature romaine à celle des Racine et des Pascal. Leur œuvre laborieuse fait époque sans laisser de monuments ; au règne florissant de Louis XIV est réservée la gloire d’élever un temple gallo-grec sur les bases mal dégrossies par les poètes érudits de Charles IX. Expression plus ingénue des passions du temps, la Satire Ménippée est immortelle ; cette arme de guerre reste comme monument du langage, témoignage de l’ingénieuse puissance que la satire gauloise conservera toujours.

Après avoir subi l’influence italienne sous Char-