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existence pompeuse et débile ; les comédies de l’Arioste sont élégamment froides ; les satires dialoguées de l’Arétin l’emportent sur leurs rivales par la verve et la chaleur, mais ce ne sont pas des comédies. En Italie comme en Allemagne, le centre social manquait ; il faut au drame un grand peuple uni par le lien des mêmes pensées, un centre puissant qui serve comme de miroir à toutes les croyances, à toutes les idées de la nation. L’Allemagne et l’Italie, jusqu’aux plus récentes époques, n’ont pas possédé de drame véritable.

Pendant que l’Italie énervée riait de la chevalerie et raillait le platonisme, un poète combattait l’universelle influence et choisissait pour sujet d’une épopée voluptueuse, mais grandiose, la brillante époque des Croisades. Le plus tendre, le plus harmonieux, le plus intéressant des poètes épiques, Tasse en est aussi le plus malheureux. Rien de ce qui l’entoure ne lui ressemble : le mysticisme exalté de son génie passe pour insanité ; le feu d’un céleste amour brûle dans ses poésies et n’éveille que le mépris des voluptueux qui l’environnent.