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poésie et la philosophie. Certes, c’était une idée de génie que de placer les différents travaux de l’homme au sommet des facultés de l’âme et de l’intelligence qui les enfantent ; la classification est ingénieuse, et l’ordre semble s’établir ; mais à l’examen tout s’écroule, et les branches de l’arbre ne présentent plus qu’erreur et confusion. Et d’abord le point de départ est faux ; pour faire sortir les arts, les sciences et les lettres de nos facultés divines et humaines, il fallait trouver et définir ces facultés, séparer avec soin ce qui est de la terre et ce qui est du ciel, ce qui appartient à l’intelligence et ce qui appartient à l’âme, puis donner à chacun son œuvre. C’est ce que Bacon a voulu faire et c’est ce que D’Alembert n’a pas même tenté. Ici tout est confondu. Des trois facultés que le philosophe attribue à l’âme, une seule lui appartient : la raison. Et en effet, la mémoire des choses terrestres n’est point une faculté de l’âme, c’est une faculté de l’intelligence, que les animaux possèdent comme nous. D’autre part, l’imagination n’est point une faculté simple, car elle se forme de la mémoire, puis du senti-