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un preux, Énée un paladin, Brutus un chef allemand, Virgile un sorcier. L’Iliade et l’Énéide revêtent une forme populaire et chevaleresque. Cependant la langue latine affaiblie s’altère en se divisant, se popularise en s’altérant, se mêle aux dialectes des vainqueurs, et crée tous les idiomes modernes du Midi. Destiné à périr le premier, le Provençal naît le premier ; ce peuple a sa littérature aujourd’hui perdue ; chaînon intermédiaire et brillant, accent lyrique, élan merveilleux, éclair fugitif. L’Italie subit cette influence ; la langue italienne, fille du patois rustique de l’Italie ancienne, se développe sous l’inspiration provençale. Le français, un peu plus éloigné du latin, se mêle de dialectes et de locutions empruntés au celtique, au tudesque, aux patois picard, normand, wallon ; après de longues incertitudes, il se fixe. L’espagnol se compose d’une alliance intime et heureuse, qui s’opère entre le gothique, le latin et l’arabe. Le portugais, dialecte de l’espagnol, témoigne de son ciel et de son climat presque africains, par une prononciation plus gutturale et un orientalisme plus prononcé. Telles sont les langues romanes, filles de