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Les plus fortes et les plus antiques empreintes de ce génie septentrional nous apparaissent dans l’Edda Scandinave et dans les Sagas islandais, monuments de la primitive civilisation du Nord ; hymnes uniformes, dignes d’être chantés par ces hommes au cœur de bronze qui adoraient la terreur et la mort. Là rien de gracieux, de riant, d’étoilé ; rien qui rappelle la poésie grecque, fille d’un ciel qui inspirait la volupté et suffisait au bonheur de l’homme. La douleur plane sur les compositions scandinaves ; elles offrent comme le fonds original et l’antique base de la société germanique ; on y retrouve l’inspiration tragique de Shakspeare ; le culte mystique de la femme, telle que Gœthe l’a chantée ; l’amour du foyer domestique ; et ce besoin d’émotions âpres et d’images effroyables que les nations du Midi ont toujours reproché aux nations du Nord. On y distingue aussi cette moralité austère fruit d’une lutte acharnée contre les rigueurs du climat et l’avarice de la nature. À cette source septentrionale il faut rapporter la contemplation mélancolique, la recherche et l’adoration des puissances mystérieuses ; enfin