Pierre les retrouve jusque dans la distribution géographique des animaux. Tous ceux qui ne sont pas directement utiles à l’homme et tous ceux qui lui sont funestes ont été parqués dans des points étroits du globe. Dès qu’ils en sortent ils cessent de se reproduire, et souvent aussi ils cessent de vivre. Au contraire les animaux paisibles, le cheval, le bœuf, l’âne, la brebis, la chèvre, ces compagnons de l’homme, ces auxiliaires indispensables de ses travaux champêtres, le suivent dans tous les climats. Partout où il a planté sa tente ils sont venus labourer la terre, donner leur lait et prodiguer leurs toisons. C’est ainsi que, par une exception adorable, Dieu ouvre du même coup toutes les régions du monde aux graminées qui nourrissent le genre humain et aux animaux qui les cultivent !
Tel est le livre de Bernardin de Saint-Pierre ; ce n’est ni un livre de science, ni un livre d’éloquence, ni un livre de poésie, et cependant il a fourni des couleurs aux plus grands poètes, des formes nouvelles aux plus éloquents prosateurs