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cheuse ; l’idée fondamentale en est si vraie, si poétique, que les savants eux-mêmes n’ont pu se résoudre à l’abandonner : la poésie a fait vivre la science. Les botanistes anciens ne distinguaient les herbes que par leurs qualités purgatives ou délétères ; une plante leur paraissait inutile dès que ses sucs n’offraient pas un remède ou un aliment, et tandis qu’une jeunesse voluptueuse se couronnait de fleurs pour s’exciter à la joie, eux ne cherchaient dans les végétaux que des tisanes, des emplâtres et des onguents. C’est de cette science de pharmacie et d’orgie que Linné a fait sortir la science des fleurs ; une science ravissante, où tout s’anime, où tout vit, où tout rappelle le sentiment et la pensée. Les fleurs s’ouvrent à la lumière et se ferment à la nuit, comme les yeux de tous les êtres. Elles ont leur veille et leur sommeil ; elles ont leurs amours, leurs noces, leur maternité. Et ici je ne fais que traduire Linné, le grand poète, l’ingénieux observateur ; je caractérise la science, comme il l’a caractérisée lui-même, par les plus douces fêtes de la vie, par les plus doux mystères de l’amour.