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Rien n’est plus simple que le mouvement d’une planète autour du centre qui l’attire ; mais quand au lieu d’une planète il y en a deux, la complication des mouvements et des attractions commence. Que si vous en supposez quatre, cinq, dix, vingt, toutes ces forces qui agissent en sens divers, tous ces corps qui troublent réciproquement leurs marches, finissent par jeter d’immenses perturbations dans l’ensemble du système, et l’on peut entrevoir l’époque où ce désordre toujours croissant entraînerait la chute de l’univers. Cette crainte entra dans l’âme du grand Newton ; il ne lui vint pas dans la pensée que Dieu, qui a tout prévu pour la vie d’un insecte, avait dû prévoir aussi quelque chose pour la vie des mondes. Dans la préoccupation où le jette l’enrayant spectacle des perturbations progressives du soleil et des planètes, il va jusqu’à entrevoir le moment « où la charpente de la nature réclamera le secours d’une main réparatrice ; » donec hœc naturœ compages manum emendatricem tandem sit desideratura[1].

  1. Newton, opt. pag. 327, édit. de Lausanne.