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voilà ce que nous rencontrons dans les écoles primaires des villes et chez les magisters illettrés de nos campagnes. On veut bien enseigner à lire au peuple, mais à condition qu’il ne lira pas ; on lui donne un instrument dont on lui refuse l’usage ; il tient la clef du monde des pensées, et ce monde si beau, si vaste, où il recevrait une nouvelle vie, ce monde, le seul digne de l’homme, ne s’ouvrira jamais devant lui !

Il est vrai que des sociétés catholiques, effrayées du vide où on laissait le peuple, se sont empressées de lui offrir les livres qu’elles croyaient propres à son éducation. Mais ces livres ne sont pas toujours choisis par une piété bien éclairée ; ce sont pour la plupart des livres mystiques sans aucun rapport avec le mouvement du siècle. C’est l’Histoire véritable de la croix de Migné, la Vie de sainte Philomèle, de Marie Alacoque, du père Fourier, réformateur des chanoines ; c’est la vie édifiante de Nicolas de Flue[1], lequel resta vingt

  1. Tous ces livres ont été imprimés en 1830 et 1836, soit par l’Association catholique du Sacré-Cœur, soit par la Société Catholique des Bons-Livres. Il nous serait trop facile d’en aug-