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pas trop des habitants des airs, des eaux, des bois et de toutes les productions de la terre ; pour le vêtir ce n’est pas trop de l’écorce des plantes et de la toison des animaux tissées et façonnées par l’industrie de tous les peuples ; il lui faut l’or du Potose, les diamants de Golconde, les perles des mers orientales ! Son avidité trouve des richesses jusque dans la dépouille des plus vils insectes ; la mouche de l’opuntia lui donne la pourpre et la chenille du mûrier lui file sa parure.

Peut-être les moralistes se sont-ils trop hâtés de flétrir cette passion envahissante ; ils n’ont pas vu qu’il y avait là une loi de la nature dont le but était de civiliser le monde en appelant les nations à se connaître et à s’aimer. En effet, la nature a donné une limite aux besoins de tous les animaux, limite qui est précisément le terme de leur puissance ; elle n’en a point donné aux besoins de l’homme. Jeté nu sur le globe, il ne reçoit en naissant d’autre arme que le désir de tout posséder ; l’origine de sa grandeur est dans la misère qui le force à la conquête du monde ! Sa nudité l’a fait roi.