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PIERRE PUGET


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I



C’est non loin de Marseille, au bord des flots qui font
D’étranges bas-reliefs dans le rocher profond,
À Séon, sur un sol riche de terre glaise
Durcissante au soleil et rouge comme braise,
Que d’un tailleur de pierre est né le grand Puget.

Enfant, il contemplait le rivage, et songeait.
Il regardait, ravi, les potiers sur leur roue
Former du doigt un vase avec un peu de boue,
Et son père tailler le bloc informe et dur,
Et les galères d’or, cinglant en plein azur,
Errantes de Toscane aux plages de Marseille,
Baigner leurs flancs sculptés dans l’écume vermeille.
Enfant, il façonnait l’argile dans ses jeux.
Un aigle volant bas, par un temps orageux,
Ayant un jour plané menaçant sur sa tête,
Il modela, dit-on, cet oiseau de tempête.
Un autre jour, il fit un bateau, qu’il sculpta.
Ainsi, même en ses jeux son génie éclata,
Et devers l’Italie, où le soleil se lève,