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La vierge, frêle enfant, sentait l’horreur de vivre ;
Mais Persée apparaît ; il vient ; il la délivre,
Et tandis que, debout, le héros triomphant,
Colosse auprès de qui la vierge est une enfant,
La délie, un Amour, voyez, lui vient en aide…

Ô Puget ! cœur cloué sur le roc d’Andromède !

Voici le Diogène : Alexandre à cheval,
Parmi son appareil pompeux et triomphal,
S’est arrêté devant le fameux philosophe.
Selle en peau de lion, chaussure, armes, étoffe,
Tout est bien ciselé, riche et digne d’un Roi.
Le cynique : « Ôte-toi de mon soleil ! » — « Eh quoi !… »
La main sur sa poitrine, Alexandre s’étonne.
Diogène est assis sur le bord d’une tonne ;
Un gros dogue enchaîné le reconnaît ; au loin,
Une haute colonne est debout, grand témoin.
La ville en monuments s’étage tout entière,
Et l’on sent qu’en ce lieu de gloire et de lumière,
Le maigre Diogène, aux chiens errants pareil,
Pense à la liberté quand il dit : Mon soleil !

C’est Alexandre encor, cette petite ébauche :
Jeune, calme, orgueilleux, le conquérant chevauche,
Serrant dans ses genoux sa bête aux jarrets forts,
Et le cheval et lui semblent n’être qu’un corps.
Le conquérant, centaure étrange à double tête,
Fatal et magnifique, à la fois homme et bête,
Cheval au front de bœuf qu’un Esprit a dompté,
Esprit par une Brute à la course emporté,
Poursuit au grand galop sa course par le monde ;