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de l’amour. Ainsi le soir, au moment de gagner sa chambre, Zanette n’embrassait jamais son père. Sa vïore à la main : « Bien le bonsoir, père ! » disait-elle. — « Bonsoir, bonsoir ! » répétait-il sourdement, sans quitter la menue besogne quelconque à laquelle il était tardivement occupé.

Qui donc pourra la défendre, Zanette, des pièges qu’elle ignore et que lui prépare un Martégas ? que comprendra-t-elle, quand ce loup dévorant viendra vers la pauvre agnelle ? oh ! quelle abomination si elle allait l’écouter ! il sera le premier à lui parler d’amour ; et le premier qui parle aux fillettes si petites, a bien des chances de leur sembler l’amour en personne ! Elles ne savent pas, les pauvres, que bien des loups se déguisent en bergers.

On exige beaucoup de force, vraiment, des filles sans soutien ni conseil, à qui la nature, — par mille et mille voix insinuantes, qui parlent en elles et hors d’elles, —