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et jaunes comme le Rhône même. Ce coup de fouet les réveilla.

Dégrisés, ils marchaient droit, sans rien dire, éclairés parfois d’une clarté brusque par un des réverbères accrochés aux maisons du quai ; ils avaient l’air de deux mauvais fantômes.

Et Cabrol tout à coup, répondant aux lamentations par lesquelles Martégas, toute la nuit, avait découvert le fond de son âme obscure, il dit, ce Cabrol :

— Marie-toi avec Zanette, la Zanette de maître Augias. Son père a un peu de bien et d’argent et la confiance des maîtres du château de la Sirène. Marie-toi avec cette fille. Elle est gentille et, à voir, elle donne faim et soif. C’est une cerise qui pend à l’arbre. Tu n’as qu’à prendre. Et je t’en avertis, Martégas, pour que tu le saches, — un que l’on nomme Pastorel — tu le connais peut-être, Jean Pastorel, le gardian ?

— Je sais qui tu veux dire ; il habite près