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si je compte bien, si Barême n’est pas un âne, on s’était battu depuis le jour levé, contre ces Prussiens qui sont des hommes comme vous et moi, n’est-ce pas ? Vous dire où nous étions, par exemple, ça, je ne le peux pas ; c’était par là-haut, dans le nord, près de Dijon, nous avions reçu des coups de fusil de ces Prussiens, et nous leur en avions rendu tout le matin. Nous étions, Cabrol qui est là et moi, soldats de la même compagnie et nous avions tiré ensemble, que je dis, des coups de fusil tout le matin…. A présent, tout s’en allait, de tous côtés, à la débandade, va comme tu voudras, chacun pour soi ; on filait, comprenez, comme une manade folle qui s’éparpille de peur, on ne sait pas pourquoi, — parce que le bateau à vapeur siffle sur le Rhône… pour rien, on filait, voilà tout, on détalait, on se levait de devant. Ce fainéant qui maintenant boit là, bien tranquille à mon côté, comme si rien n’était, ce