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en pays de Camargue, était celle-ci : « On me pilerait plutôt que de me faire faire ce qu’une fois j’ai décidé de ne pas faire ! » Jamais on ne l’avait entendue prononcer une parole en français. C’était une femme de l’ancien temps. Elle était de ces vieilles gens d’autrefois, chrétiens et stoïques, qui ne savaient pas même lire, qui ne savaient rien et qui concevaient tout, qui avaient le sens de la vie et ses plus sublimes sagesses. Derniers nés d’une longue suite de générations, bien loin d’être abâtardis, ils semblaient représenter les forces accumulées de vingt siècles d’expérience populaire. Le génie même paraît souvent digne de quelque dédain à côté de ces êtres-là qui sont naïfs, forts, généreux et féconds. Leur race existe encore sur cette terre chrétienne et païenne, romaine et gauloise, mais quand les poètes en parlent, le siècle, né malin, les traite de rêveurs. N’est-il pas convenu que le