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On ne sait si on est dans une salle de cabaret ou dans une chambre à coucher ; il y a, au fond, une alcôve ouverte, mais, au-dessus du lit, des étagères avec des verres ; il y a une commode, mais chargée des bouteilles à étiquettes variées….

Les langues des hommes sont devenues épaisses. Martégas pérore depuis deux heures, il commence, maintenant, à s’embrouiller dans ses récits, il est saoul. Et tout à coup il devient muet. Ses yeux plus troubles que jamais demeurent fixes.

— Eh bien, Martégas, qu’as-tu ?

On le secoue, il répond enfin :

— Jamais je n’oublierai ce remords !… ce remords-là, non, je ne l’oublierai jamais !… non, non, jamais ! je vivrais cent ans, qu’il me rongera encore !

— Martégas a un remords !

— Et tu n’en as qu’un, Martégas ?

— Je n’en ai qu’un ! gémit Martégas en prenant à pleins poings ses cheveux noirs