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coquin ! une petite caille mariée à la lardarasse, l’oiseau de proie, le faux aigle des Alpilles, au front bas, aux grosses serres dures, au bec fait pour déchirer les proies mortes et corrompues…. Ce pesant animal, avoir à lui cette jolie poulette de chaume !

On ne voyait pas ça, non, pour sûr ! Ni au physique ni au moral, ces deux êtres ne se pourraient rapprocher. On tremblait à l’idée d’un tel sacrilège. Et pourtant il s’était mis ce projet en tête, — « le gueux ! » — de plaire à Zanette ! ou de la prendre sans lui plaire, de ruse ou de force !

Zanette, jolie comme un cœur, avec sa coiffe arlésienne, avec son fichu aux mille plis qui s’ouvrait galamment pour montrer un peu de sa poitrine naissante, avait seize ans et demi. C’était une petite créature brune, un sage petit cœur, aimant son père, Dieu et saint Trophime, patron des Arlèses, — et dévote, chacun le savait, à Notre-Dame-d’Amour.