Page:Aicard - Notre-Dame-d’Amour, Flammarion, 1896.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

soleil, étaient encore un peu humides sous le velours posé en couronne, dont les bouts flottaient au vent de la course.

Parfois on mettait les chevaux au pas, et alors Augias et Pastorel parlaient du cheval.

Un arrière-grand-père de ce cheval était venu tout droit de là-bas, des déserts que maître Augias ne savait pas nommer, d’un pays mystérieux et barbare, du pays des contes de fées. Il avait été donné par un roi à un autre roi qui en avait fait cadeau au comte des Eyssars. Le comte, qui habitait Marseille, n’en put rien faire à la ville. Il le fit venir en Camargue, chez ses amis les maîtres du château de la Sirène, qui le firent lâcher dans les pâturages libres, parmi les aigues et les taureaux. Cet ancêtre était d’un gris doux, d’un gris velouté, pâle, comme le fond du Vaccarès quand il est à sec, comme les sansouïres, ces terrains de Camargue, gris, jaspés d’efflorescences salines. Sa crinière et sa queue étaient très