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MAURIN DES MAURES


CHAPITRE VIII


Où l’on verra comment les habitants des Maures auraient pu devenir tous aveugles — et l’opinion de Parlo-Soulet sur son ami Maurin, flambeau des chasseurs.


Le surlendemain devait avoir lieu, avec une certaine solennité, l’enterrement de Crouzillat.

Le préfet fit annoncer qu’il y assisterait avec le sous-préfet de Toulon, un lieutenant de gendarmerie, un inspecteur des forêts, — et le matin de ce jour-là, au soleil levant, Maurin se promenait sur la haute esplanade qui domine Bormes, le Lavandou et la mer, devant la vieille chapelle et le vieux moulin. Il tenait par la main son fils, son petit Bernard, gaillard de dix à onze ans, bien découplé, l’œil hardi et franc. Et Maurin, montrant à son fils les îles d’Hyères, lui disait :

— Tu vois, cette île-ci, à gauche, est à M. le comte de Siblas et celle-ci, à droite, est à mon ancien « cambarade » Caboufigue, — qui, parti simple mousse, devint capitaine dans la marine marchande, puis esclave des Patagons, puis un peu roi des nègres quelque part et finalement millionnaire en France. Aujourd’hui, les gouvernements comptent avec sa bourse. C’est un homme vraiment trop riche… C’est dans son île qu’il y en a, des faisans ! comme aussi dans celle du comte de Siblas. C’est un beau coup de fusil, mais trop facile. Seulement ça se vend cher.