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MAURIN DES MAURES

— J’apporte de grosses nouvelles, mon père. Un homme vient d’arriver à la maison forestière, et voici ce qu’il a dit : — « Le préfet demande à Maurin une battue au sanglier dans les forêts du Don. Il y aura un général et d’autres personnages qu’il a nommés, un sénateur et deux autres messieurs, qui sont députés. Et il paraît aussi que, pour l’affaire des chevaux, Maurin ne sera pas puni, parce qu’il a fait ça pour rire et qu’il faut qu’on n’y pense plus… Maurin devra faire dire le plus tôt possible au préfet, par vous, mon père, ou par M. le maire, quel jour il choisit pour la battue, et dans quel endroit elle se fera. »

Tonia était ravie de se faire pour Maurin le messager de ces bonnes nouvelles. Elle était toute rouge d’avoir couru, et ses yeux brillaient de plaisir.

Tout cela signifiait que la République française traitait de puissance à puissance avec le roi des Maures.

Alors Alessandri et Maurin se regardèrent.

Et ce fut tout. Seulement le regard de Maurin était plein de moquerie, celui de Sandri, le Corse, chargé de haine. On descendit vers la maison forestière, en silence.

Quant aux deux bandits qu’on n’avait pu capturer, où les chercher à présent ? Cela redevenait plus particulièrement l’affaire des gendarmes. Les gens de Bormes avaient fait de leur mieux, sous la conduite de Maurin. La suite de l’affaire ne les regardait plus. Ils pensaient, avec quelque apparence de raison, que les échappés de galères, en train de gagner le large, seraient bientôt sortis du territoire de leur commune. Le soir, à Bormes, dans la maison où des amis lui donnaient l’hospitalité, Pastouré, seul, en chemise, au moment de se mettre au lit, levait les bras vers le plafond et ronchonnait :