Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
MAURIN DES MAURES

— Vers cinq heures.

— Où ?

— À la Fontaine de Louise, dans le Don. Je revenais des Barraous.

— Et tu étais ici à six heures ! Comment es-tu venu si vite ?

— J’ai rencontré Giraudin qui m’a amené sur son char à bancs.

— Quand tu as quitté tes voleurs, qu’ont-ils fait, sur l’instant ?

— Ils se sont mis à manger comme des gens qui ont faim.

— Y avait-il beaucoup de vin dans la bouteille qu’ils t’ont prise ?

— À peine un verre.

Maurin regarda les assistants d’un air de triomphe :

— Comprenez-vous ? interrogea-t-il.

L’assistance d’une seule voix répondit : non.

— C’est pourtant clair, dit le maire. Ils sont restés, pour dîner, près de la fontaine.

— Juste ! fit Maurin. Et comme la nuit était là et que la pluie a commencé avant qu’ils aient fini leur repas près de la fontaine, ces gens, pour sûr, se seront cachés dedans. C’est comme un bénitier dans une niche d’église ; ils auront eu juste la place.

— Avec les pieds dans l’eau, dit quelqu’un.

— Ça vaut mieux encore, dit Maurin, que d’y être tout entier, dans l’eau ; — ou plutôt sous une eau qui tombe et vous fouette avec le vent. Mais ils ont pu, s’ils ne sont pas trop bêtes, se faire une étagère avec des barres de bois qui justement sont empilées près de là. Enfin, mes amis, comme nous sommes assurés qu’il