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MAURIN DES MAURES

pour toi les yeux de Mme  Labaudufle, qui sont noyés dans les larmes.

« Ah ! elle t’a aimée, cette vénérée dame, comme nous t’aimions tous ! Tout Aiguebelle rend hommage sur cette tombe à l’élévation de sentiments et à la probité commerciale de ces deux sœurs dont le café renommé n’a jamais subi aucune défaillance de réputation, depuis plus d’un siècle. Car il y a un siècle, — ne l’oubliez pas ! — la mère et les ancêtres des deux célèbres sœurs avaient déjà fondé la réputation de leur incomparable maison, située à côté même de ces théâtres, — aujourd’hui disparus, hélas ! — où des marionnettes jouaient, pour l’édification du peuple, le Saint Mystère de la Crèche et l’histoire de Geneviève de Brabant… Voilà, messieurs et dames, des titres de noblesse qui en valent bien d’autres. Réjouissez-vous donc à travers vos larmes, tout au fond de vos cœurs, dans l’espérance, que dis-je ? dans la certitude des récompenses éternelles que le ciel doit à la probité commerciale unie à l’élévation des sentiments qui sont la gloire de l’humanité !… Adieu, Adélaïde ! tu ne pouvais pas partir sans qu’une parole de justice, de reconnaissance et d’amour fut prononcée sur ta tombe. Adieu, pieuse Adélaïde, si pieuse que ta boutique est connue à Aiguebelle sous le nom de la boutique des Deux Dévotes, — car ta chère et malheureuse sœur partage dès ce monde ta pure renommée, comme elle partagera un jour, — le plus tard possible, — ta gloire immortelle dans le ciel ! »

« Bédarride se tut. Il essuya ses yeux d’où coulaient de vraies larmes.

« Il se pencha vers moi :