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MAURIN DES MAURES

tant qu’il paie bien et dont il se fait aimer, étant aimable. M. Désiré connaît toutes les affaires privées et publiques du département.

« Avec un homme pareil dans chaque province, un gouvernement qui centraliserait leurs connaissances pourrait se vanter d’avoir une police nationale.

« M. Désiré, comme je l’ai dit, daigne quelquefois nous servir. Quand je suis dans l’embarras, je vais le voir. Il m’honore de temps en temps d’une visite.

« Il est à Draguignan depuis hier soir. Si monsieur le préfet m’autorise à le lui présenter…

— Où est-il ?

— À l’hôtel Bertin.

— Faites-lui demander à quelle heure il pourra me recevoir.

— Bien, monsieur le préfet.

Une demi-heure plus tard, M, Désiré Cabissol se faisait annoncer chez le préfet.

C’était un homme de taille moyenne, à figure aimable, bien mis sans recherche, et qui avait la simple allure d’un paisible petit bourgeois. L’œil pétillait par moments d’une toute particulière finesse, qui n’apparaissait que pour disparaître aussitôt, sa préoccupation étant d’inspirer confiance à ses interlocuteurs. Du reste, parfait honnête homme.

— Monsieur le préfet, dit-il, permettez-moi de tenir votre visite pour faite et de vous la rendre. Je suis sûr qu’on vous a dit quels sont mes goûts favoris, mais je doute qu’on vous ait expliqué pourquoi je m’y livre si passionnément.

— Mon Dieu, dit le préfet, on a des goûts… comme cela… sans savoir pourquoi.