— Celle-là, voui, dit Maurin, qu’elle est drôle ! j’en rirai jusqu’à ma mort !
Hélas ! le lendemain au soir, Maurin sortit dans l’intention de tuer un sanglier ; et, au matin, il ne rentra pas !
— Tonia, dit, ce matin-là, à sa fille, le brigadier Orsini, tu ne sais pas ? On raconte que Grondard a assassiné Maurin !
— Ce n’est pas possible ! je ne le crois pas, dit-elle, épouvantée quand même. Maurin se méfiait trop… Un Grondard ne tue pas comme cela un Maurin, même par surprise !
— Si, si ! confirma le cantinier du Don qui accourait chez Orsini. Ce n’est que trop véritable. Maurin était, cette nuit même, à l’affût des sangliers et il venait de décharger son fusil de ses deux coups, quand, désarmé comme il l’était, et assis dans son étroite cabane de branchages, il fut attaqué par Grondard.
— Mais comment le sait-on ?
— Il paraît que cette brute de charbonnier se vante de son coup.
« Il est fier d’avoir su profiter du moment où Maurin était empêché dans les broussailles sous le couvert bas de sa cabane d’affût. Maurin voyant, au clair de la lune, à travers les branchages qui formaient sa cabane, luire et s’avancer contre sa poitrine la longue canardière de Grondard, la saisit à pleines mains. Alors Grondard tira. Il paraît que Maurin en tombant a poussé un cri de lion. Si bien que son assassin s’est mis à fuir comme si notre pauvre Maurin eut été encore vivant, pechère ! et capable de se revancher !
Tonia s’était évanouie.