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MAURIN DES MAURES

— Et pourquoi perdu, mon oncle ? dit le jeune d’Auriol, Théodule, qui revenait juste à ce moment-là du collège où il était externe.

Son père expliqua l’aventure à ce jeune gaillard de seize ans qui pouffa de rire.

— Et voilà ce qui vous désole ? Ah ! mon oncle, je vais vous tirer de ce mauvais pas. Laissez-moi faire. Qu’on m’apporte la cage. On ne l’a pas mangée, j’espère, la cage ?

Pendant qu’on la recherchait au grenier, Théodule sortit.

Quand il rentra, un quart d’heure plus tard, la cage était retrouvée, et il tenait par les pattes, pendus à son poing, la tête en bas, deux magnifiques canards assez semblables à ceux dont il avait déjeuné quelques jours auparavant.

Il les introduisit dans la cage :

— Vous ne paierez pas le dédit, mon oncle ; ces deux canards sont du Labrador, comme en témoigne cette magnifique plaque de cuivre reluisante que Catherine va fourbir encore.

— Que veux-tu dire ? interrogea anxieusement l’idéaliste Pierre.

— Je m’en doute ! proféra le bureaucrate Paul, que sa vie dans les mairies avait accoutumé de longue date à ne s’étonner de rien et à tout prévoir.

— Je veux dire, répliqua l’arriviste Théodule (seize ans, l’âge de la rhétorique, au temps aboli des humanités), je veux dire que vos canards du Labrador n’ont pas été mangés, puisque les voici, — et que je ne désespère pas de vous faire obtenir le prix de quatre mille balles !