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MAURIN DES MAURES

— N’avez-vous pas dans cette ville un ami qui leur donnera l’hospitalité ?… Du reste, vous arriverez presque en même temps que ces intéressantes volailles. Je vous avoue qu’ici elles me gênent un peu. Et puis… Si l’envie vous venait de demeurer trois jours au Havre, pour vous reposer ?…

— Coin ! coin ! coin ! dirent les canards.

— Parbleu ! pensa Pierre d’Auriol, j’ai, à Auriol, mon frère Paul, le secrétaire de la mairie. Je vais lui expédier mes canards.

Il les expédia et négligea d’écrire à Paul.

Pierre passa deux jours au Havre, où il avait rencontré un bon camarade d’école, puis il s’oublia une dizaine de jours à Paris.

Et quand il arriva chez son frère à Auriol, le premier mot qu’il lui adressa fut celui-ci :

— Eh bien, et mes canards ? Comment les as-tu trouvés ?

— Excellents, dit Paul.

Pierre tomba, anéanti, sur une chaise en gémissant

— Malheureux ! tu les as mangés !

— Et que diable voulais-tu que j’en fisse ?

— Hélas ! j’avais arrêté par lettre une cage de deux mètres carrés…

— Il fallait donc me prévenir !

— C’étaient des canards d’exposition, ils valaient deux mille francs pièce, puisqu’ils m’auraient donné le grand prix du concours qui est de quatre mille… Et maintenant… je dois un dédit de deux cents francs ! Et je ne possède plus sur terre que treize francs soixante et quinze !

« Je suis perdu, définitivement perdu !