ment au-dessus du peuple qu’ils prenaient avec lui toutes licences. C’était, devenu légion, Néron, incarnation de toute-puissance et d’orgueil. C’était la tyrannie d’une seule classe de citoyens sur toutes les autres, et, dans le crime commis contre tout ce qui n’était pas elle, elle goûtait des joies sadiques, monstrueuses. Voilà ce que la Révolution vint détruire d’une façon immédiate, sans pitié, au nom d’une pitié supérieure, à longue échéance.
« À ce meurtre du paysan d’Aix, pendu par des fils de parlementaires en humeur de rire (histoire exceptionnelle, je le veux bien, mais qui ne serait plus possible de nos jours, sinon au fond de l’Afrique et contre des nègres, et pour les mêmes motifs d’orgueil maladif), l’évolution morale, le progrès moral de notre civilisation libertaire répondent aujourd’hui par l’histoire (exceptionnelle aussi, je le veux bien), de La lièvre de juin, que Maurin nous a contée hier.
« L’homme est devenu meilleur pour l’homme et même pour les bêtes.
« Et je n’ajouterai qu’un mot : Le génie lui-même ne met pas l’homme au-dessus des hommes. Le savant ou l’artiste n’est digne du respect universel que lorsque, bien loin de s’isoler dans des œuvres d’orgueil, inaccessibles aux masses, il devient au contraire le cœur multiplié qui se donne aux foules pour les consoler ou les guérir.
« Allons ! allons, conclut M. Rinal, vous nous avez promis une histoire gaie, Cabissol, contez-nous-la.
Cabissol commença ainsi :