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MAURIN DES MAURES

et sans étonnement, rentrant dans le cabanon, il en ressortit aussitôt, portant à Maurin son carnier :

Té, dit-il, que tu n’as pas déjeuné. J’ai mis là-dedans le lapin entier et cuit à point, et tout ce qu’il faut. Bon voyage.

— Soyez content, dit Sandri à Pastouré, que nous n’ayons pas d’ordres contre vous. Votre tour viendra.

Pastouré regarde Maurin et leurs yeux se comprennent.

Maurin sait bien d’ailleurs que Pastouré le suivra pour l’aider dans la peine. Mais ce qu’il a compris c’est qu’il est près de midi, et qu’à cette heure-là un lapin bien rôti peut adoucir l’humeur du plus féroce gendarme.

— En route ! dit Sandri.

— Ce serait l’heure de manger, grogna son compagnon.

— Une idée ! fit Pastouré. Déjeunez ici, gendarmes. Maurin est pris, c’est entendu. Vous avez une consigne. On ne vous en veut pas de faire votre devoir. Au contraire ! Eh bien, déjeunez ici avec nous. S’il vous promet de ne pas chercher à se sauver pendant le repas, il tiendra parole. Et, après, vous vous mettrez en route gaillardement.

Maurin se taisait, un peu farouche, dédaigneux et ennuyé.

— Non ! merci bien !… Nous nous arrêterons à La Verne pour le repas de midi, répliqua Sandri qui se méfiait. Eh ! Eh ! nous emmenons deux lapins… Et tous les deux sont cuits !

Maurin haussa les épaules.

Mais le nom de La Verne, tout de suite, fit naître dans son esprit l’idée d’un expédient qui assurerait sa fuite.