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MAURIN DES MAURES

Il raconta son entrevue avec le comte.

— Maurin, dit Cabissol, vous faites des miracles. Je vous jure que si j’étais allé offrir cet arrangement à M. de Siblas, j’aurais été repoussé avec ironie.

— Qui est cet Ironi ? dit Maurin.

M. Cabissol se mit à rire.

— Comme quoi, dit-il, l’intelligence et la connaissance du vocabulaire sont deux !

— Parlez-moi français, dit simplement Maurin.

— Eh bien, votre entrevue avec M. de Siblas est une manière d’événement. Le pape aidant, vous en avez fait un rallié sincère.

— Que vient faire là-dedans le pape ?… grommela Maurin. Vous savez que je n’aime pas trop les curés ni les ermites.

— Et que vous ont fait les curés et les ermites ?

— Ce sont des gens, dit Maurin, qui promettent une culotte à un pauvre et qui le font trembler pendant une heure avant de la lui donner ! Ils vous font payer deux sous le commencement d’une histoire et exigent deux autres sous pour vous en conter la fin !

« On ne peut naître ni mourir sans leur payer à boire.

— Ils ne sont pas tous pareils.

— Il y a des braves gens partout, c’est entendu !

— Et, dit M. Cabissol, avez-vous vu M. Caboufigue ?

La physionomie de Maurin s’éclaira d’un air de gaîté équivoque.

— Il est assez visible ! fit-il. Gros comme il est, voui, que je l’ai vu ! Il a les joues roses comme le dedans de ces porcs frais qu’on voit tout ouverts chez les bouchers dans les villes, la veille de Noël, et qui sont tout enguirlandés de lauriers-sauce !