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MAURIN DES MAURES

Il secoua la main que lui tendait le gentilhomme, en ajoutant :

— Les opinions ne doivent pas empêcher les sentiments.

Il prit le plus beau des trois faisans, le déposa sur le pont et dit : « En vous remerciant ! »

Et comme il avait déjà le pied sur l’échelle, il revint sur ses pas, secouant la tête :

— Puisque nous sommes une paire d’amis, monsieur le comte, j’aurais tout de suite quelque chose à vous dire… Il faut saisir les occasions.

— Dites, Maurin.

— Vous permettez ? véritablement ?

— De tout mon cœur.

— Eh bien, pourquoi est-ce que vous vous présentez aux élections qui viennent ?… C’est une bêtise !

— Je veux faire plaisir à mes amis.

— Ça vous regarde. Mais, à votre place, j’aimerais mieux me faire aimer dans le pays que m’y faire dire… ce qu’on vous dira. Moi le premier, vous savez, je serai contre vous, et ça me fera de la peine.

— Je suis sûr d’un bel appoint. J’aurai tout Hyères pour moi.

— Possible, mais, vous savez, vous y resterez quand même. À quoi est-ce que ça vous avancera, dites un peu ? Et si je touche cette question, c’est bien par amitié, à cause de vos gentillesses, vu que votre candidature nous sera plutôt utile.

— Oh ! oh ! comment cela ?

En profond politique Maurin s’expliqua. Des deux candidats républicains qui, selon lui, avaient le plus de chances, un était douteux, tellement douteux que si le