Page:Aicard - Maurin des Maures, 1908.djvu/345

Cette page a été validée par deux contributeurs.
327
MAURIN DES MAURES

Des figuiers sur la pente de droite, et, partout, des pins d’Alep ou pins blancs.

Les îles d’or sont des fragments des Maures, séparés par un large bras de mer du massif auquel elles appartiennent.

Il regarda attentivement son terrain de chasse, et, de son œil de braconnier, autant dire d’aigle, il aperçut deux choses.

Premièrement, à trente pas, à sa droite, sous la dernière vigne de la rangée, un faisan surpris par le bruit de son arrivée, à demi rasé, le cou tendu, se dérobait vivement, à longues enjambées. Deuxièmement, à sa gauche, au-dessus des genêts, dans un massif où ils se croyaient bien cachés, veillaient deux gendarmes. Le fin sommet de leurs chapeaux faisait tache brune sur la verdure des pins qui s’étageaient derrière eux. Maurin allait entrer dans une souricière ! Il se mit à rire tout bas.

Qu’il n’eût pas vu les gendarmes, et il était arrêté. Il devinait très bien leur plan qui était de le laisser s’engager dans l’île et de lui couper ensuite toute retraite vers son embarcation. Son parti fut pris sur-le-champ. Il donna, d’un geste large et silencieux, l’ordre à Hercule de décrire une courbe qui, selon toute probabilité, devait mettre le faisan entre son chien et lui, et il attendit, sans perdre de vue, du coin de l’œil, la double petite tache sombre que faisait, au milieu des genêts clairs, le chapeau des gendarmes à l’affût.

Chasseur chassé, Maurin observait à la fois ses chasseurs et son chien. Il perdait de vue à tout moment, puis retrouvait, entre deux troncs de pins, la queue expressive d’Hercule. Tout à coup le chien pointa. Il y eut