mon agachon, un petit cabanon que je me suis fait construire pour moi tout seul, au bord de la mer.
Ils y allèrent. C’était une étroite cabane de maçonnerie, toute pareille à celles où, le dimanche, les pauvres gens de Provence vont manger la bouille-abaisse, quand ils ont le bonheur d’avoir quelques centaines de francs pour faire bâtir.
À l’intérieur, deux chaises de paille, une table de bois blanc, un pot ébréché, quelques bouteilles de vin et des instruments de pêche.
— Je viens ici, des fois, — dit Caboufigue, grand comme l’antique, — pour m’amuser à oublier que je suis riche.
— Ça doit être un gros travail, ce jeu-là ! répliqua Maurin ; tu dois être en nage le soir !
— Le gros travail, c’est d’administrer tant d’argent, dit Caboufigue en soupirant.
— Gros travail pour peu de chose, dit Maurin, puisque ça ne te rend pas meilleur un bon œuf à la coque. Mais pourquoi, poursuivit-il, as-tu choisi une île pour y faire construire ton habitation principale ?
— Parce que, expliqua Caboufigue, j’y suis moins dérangé par les uns et les autres, par tous les affamés qui veulent manger dans ma main.
— Pauvre homme ! s’exclama Maurin. Si j’ai bien compris ton affaire, tu es comme qui dirait le prisonnier de ton or, tandis que moi, Maurin, j’ai les ailes de la misère !
Ces derniers mots, dits en français avec l’accent de Provence, eurent une saveur inexprimable et Caboufigue soupira de nouveau.
— Si le bonheur, reprit Maurin, c’était la fortune, il