Maurin. J’ai voulu dire que l’or me rend heureux parce qu’il met le monde à mes pieds.
— Le monde ? fit Maurin. Alors, je ne suis pas du monde, car je ne suis pas à tes pieds.
— C’est vrai, fit Caboufigue, tu ne m’as jamais jusqu’ici demandé d’argent. Voilà pourquoi je t’ai toujours aimé.
— Et, dit Maurin, en riant de l’enflure et de la franchise du financier, tu ne m’en as jamais offert !
— En veux-tu ?… un peu ? dit Caboufigue.
— Ça me coûterait trop cher.
— Et quoi ?
— Un rien de ma liberté.
— Sacré Maurin ! s’écria Caboufigue, sais-tu que tu es un phénomène ! Depuis que j’ai beaucoup d’argent, tu es le seul homme avec qui j’aie pu causer deux heures de file sans qu’il m’ait soutiré cinq francs ou cinq cent mille.
— Et, dit Maurin, je ne t’en soutirerai jamais. L’argent brouille les amis.
— Tu as raison, dit Caboufigue d’un ton de conviction inimitable.
Et il ajouta, en serrant la main de son vieux collègue :
— Pas d’argent entre nous !
Là-dessus, pour bien prouver qu’il était heureux, il fit visiter ses nouvelles plantations de végétaux rares et l’aménagement de son château et des dépendances à son hôte, qu’il croyait émerveillé.
— Mon fils et ma femme sont allés à Toulon avec mon yacht. Ils ont profité du beau temps ; tu les verras, si tu restes jusqu’à demain.