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MAURIN DES MAURES

Après m’avoir eu, elles réussissent toutes… Du reste rien ne m’étonne. Tu as bien été roi quelque part, toi.

— Oh ! des nègres, dit modestement Caboufigue.

— Mon Dieu ! tu n’es pas très blanc toi-même, dit finement Maurin en clignant de l’œil vers Caboufigue, comme pour lui faire avouer la noirceur de son âme.

Ils devisaient de la sorte, Maurin « laissant venir » et attendant l’occasion propice pour attaquer la question électorale qu’il était venu régler. Après un moment de silence :

— Tant mieux pour elle, dit Maurin, si elle est devenue une princesse. Qui elle est ou qui elle n’est pas, je n’ai rien à en faire pour le présent, quoique, si je le savais, je n’irais pas trahir « la cause » en mal parlant de la dame d’un de nos seigneurs de la République. Du reste, elle ne m’a fait aucun mal, au contraire.

— En ne pas te révélant son nom, insista Caboufigue, je crois que j’ai raison. J’ai, s’il faut te le dire, de gros intérêts communs avec son mari rapport à mon affaire d’Amérique. Il y a là des millions à gagner. Avant dix ans, j’aurai doublé ma fortune.

— Les porcs sont faits pour faire du gras-double, dit sentencieusement Maurin… Il est naturel que tu veuilles doubler ta couenne !

Caboufigue enchanté se mit à rire lourdement d’un air d’intelligence.

— Et, lui dit Maurin, est-ce que c’est un secret, ton affaire d’Amérique ?

— Non, dit Caboufigue. Ce n’est pas un secret, vu que mon établissement est fondé. J’ai, à ce jour, un troupeau de cinq mille têtes qui est en plein rendement, dans la Floride.