CHAPITRE XXXIV
Depuis quelque temps, les querelles devenaient fréquentes dans la maison du garde forestier Orsini. Ses chefs le malmenaient un peu, et il prétendait que c’était à cause de son histoire avec Maurin et Alessandri.
L’aventure s’était ébruitée en effet et ses supérieurs lui en avaient parlé sur un ton de blâme sévère.
Orsini, de mauvaise humeur, ne manquait plus aucune occasion de « mal parler » du braconnier en présence de sa fille. Elle lui rappelait inutilement le service qu’elle devait au chasseur si décrié. Elle se lamentait. Elle alla plus d’une fois jusqu’à pleurer de rage. Et de souffrir ainsi pour le beau Maurin, cela ne pouvait pas le lui faire oublier plus vite.
Un jour son père lui dit gravement :
— Viens ici, Tonia. Écoute ; je n’ai qu’une parole, — et toi aussi, j’espère, car j’ai remplacé de mon mieux ta mère morte et je t’ai élevée, non comme les femmes élèvent les femmes, mais comme un brave homme élève un brave garçon. Eh bien, je te sens sur le chemin de manquer de parole à Alessandri. Tu penses trop à l’autre… à ce bandit de Maurin. Cela me contrarie, je te laisse voir ma mauvaise humeur à toute minute ; je me fâche trop souvent ; tu m’en veux, tu t’irri-