Eh bien ! si elle ne veut pas te connaître, la tienne, soyons de bon compte : pourquoi la contrarier ?
Et sentencieusement :
— Pas plus de sa mère que des femmes on n’est aimé quand on le veut, pitoua !… Quant à chercher si la tienne est riche, comme je t’ai dit, c’est une pensée de canaillette, mon fisto !… Pour moi, tu vois, je suis venu te parler en père dès que je l’ai cru nécessaire. Ni les perdreaux, ni les sangliers, ni le chasseur Maurin, entends-tu, ne laissent leurs petits sans nourriture, et je t’ai aidé, sans que tu le saches, plus d’une fois, et surveillé toujours. J’ai fait ce que j’ai cru le meilleur d’après les circonstances. On n’est pas toujours le maître des choses… Et à présent, il faut, écoute-moi bien, il faut que tu te tiennes tranquille chez ton patron Arnaud…
« Si j’ai du bon pour tes affaires je te l’apporterai, compte là-dessus, foi de Maurin ! mais je ne veux pas, comprends bien, entendre mal parler de toi. Si ta mère t’a oublié, c’est, je te dis, qu’elle a ses raisons. Fais comme moi. N’y songe plus… Tu es jeune, pense aux jeunes. Aime-les toutes. N’en trompe aucune. Ne t’engage jamais à rien. Elles viendront toutes seules et tu dormiras tranquille… Sinon, le père Maurin, comme un revenant, te viendra, la nuit, tirer par les pieds… Et c’est assez de paroles. Ça suffit pour le premier jour. Té ! achève la bouteille… Et en route chez maître Arnaud ! Je t’ai dit pour l’heure tout ce que j’avais à te dire…
Maurin avait allumé sa pipe.
— Tu fumes, petit ?
— Oui, dit l’autre.