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MAURIN DES MAURES

naire de terreur et d’énergie qui, sans doute, paralysa les moyens de défense de son adversaire, car, en un tour de main, Maurin, se jetant sur lui tout à coup, l’eut désarmé. Cela fait, il prit le couteau par la pointe entre le pouce et l’index, et le lança à toute volée dans les branches du pin, avec tant d’adresse qu’il y resta planté, très haut, dix fois hors d’atteinte ; puis empoignant Césariot par un bras, Maurin se mit à le battre coup sur coup, à grands plats et revers de main, puis, à coups de poing et à coups de pied, sans que l’autre pût parvenir à se protéger avec son bras resté libre…

Sous cet orage de coups, le pauvre garçon, si hardi tout à l’heure, oubliant subitement toute révolte, tout orgueil, redevint un petit enfant et se mit à trembler à la fin, en répétant plusieurs fois, sur un ton touchant d’écolier pris en faute :

— Pourquoi ça ? Pourquoi ça, maître Maurin ?

Et entre deux maîtresses gifles, le don Juan des Maures lui répondit, d’une voix de tonnerre :

— Parce que je suis ton « péro » !

Cette révélation ne produisit pas dans l’esprit de son fils l’effet qu’en attendait Maurin ; Césariot n’éprouva aucune joie. Bien au contraire !

— Ce n’est pas vrai ! ce n’est pas vrai ! hurlait-il, ne voulant point se résoudre à n’être pas le fils d’un ministre pour le moins, ou d’un amiral !

Et de rage et de désespoir à l’idée que Maurin pouvait dire vrai, il se mit à sangloter.

— Et maintenant que tu es mon fils, dit Maurin placide, et sans lui lâcher le bras, — marche, drôle ! que je te mène où tu dois aller.

Le drôle obéit.