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MAURIN DES MAURES

préparer une action de bêtise et de mauvaiseté : et je t’empêcherai, sûr comme je m’appelle Maurin !

— Vous m’empêcherez ! vous ! et de quel droit ? hurla Césariot.

— Du droit de ceci, répliqua Maurin.

Il avait saisi le « pitoua » par la cravate et il le secouait en le poussant devant lui. Le jeune homme, qui reculait d’un pas à chaque saccade, vint s’adosser au tronc énorme du pin centenaire.

Hercule, voyant qu’il y avait bataille, voulut en être et sauta aux jambes de Césariot.

— Couché, Hercule ! ne me l’abîme pas ! cria Maurin. Hercule obéit. Césariot râlait dans sa cravate.

— Promets-tu ? demanda Maurin.

L’autre, sans répondre, chercha sournoisement à sa ceinture, dans la gaine de cuir, un de ces couteaux de marin qui ne se ferment pas.

En voyant luire la lame, Maurin eut un de ces mouvements d’exaspération durant lesquels un homme a le temps de faire un grand malheur.

— Ah ! fils de garce ! murmura-t-il… Que ta mère me pardonne !

Son adversaire, qui était vigoureux, échappa, d’une secousse brusque, à son étreinte ; son gilet s’était déboutonné ; un lambeau de sa chemise était resté aux mains de Maurin. Et le don Juan des Maures tout à coup demeura stupéfait, saisi d’une émotion terrible, en présence de son fils armé.

Maurin, immobile, pâle, regardait Césariot qui, également immobile, demeurait prêt à reprendre la lutte avec son large couteau luisant au soleil.

La figure de Maurin eut une expression extraordi-