« — Sa nourriture ! s’interrompit Magaud, de vieux quignons de pain moisi que les boulangers gardaient pour les chiens… qui n’en voulaient pas entendre parler !
« — Je ne peux même plus cueillir une figue au figuier. Latrinque, dit le Canonge. Latrinque, prends-moi chez toi, comme qui dirait en pension, et voici nos accords, ou ceux du moins que je te propose : je ne te paierai pas, mais par testament, par écrit, devant témoins, devant le notaire, je te laisserai tout mon bien, le bel argent avec la bonne terre !
« — Voilà, me dit Latrinque, ce que m’a dit le Canonge… »
« Et je dis à Latrinque :
« — Alors te voilà dans l’embarras ! »
« Latrinque répondit :
« — Je ferais bien la chose, comme tu penses, si j’étais sûr que le vieux cheval crevât vite ; mais le bougre a la peau dure et il est capable, si je consens, de ne plus vouloir mourir.
« — Alors, tu vas refuser !
« — Je me le pense. Mais, auparavant, j’ai voulu tout de même écouter ton conseil. Je calcule qu’un conseil de Magaud, c’est toujours bon à prendre. »
« Alors, je dis à Latrinque :
« — Oh ! âne que toi tu es ! prends le Canonge dans ta maison, et vite ! et pas demain, mais ce soir même, de peur qu’un autre à ta place ne profite de la bonne chance. Ce vieux grigou vit des rognures qu’il vole aux poulets des voisins ; ce vieux richard glane, aux moissons, dans les champs des autres, pour se faire, avec quatre épis, quelques boulettes de farine. Ça, je le lui ai vu faire moi-même. C’est maigre comme un clou perdu et rouillé.